Eurovision 2020 – « prédictions »

L’Eurovision 2020, comme bon nombre d’événements culturels et sportifs, n’aura pas lieu cette année, pour cause de pandémie. Les chansons proposées par les pays participants ont néanmoins été mises en ligne : on peut les retrouver ici.

Même si cela n’a aucun intérêt (personne ne gagnera un concours qui n’aura pas lieu), il est donc possible de mettre en oeuvre notre modèle de prédictions (comme les années précédentes, en 2018 et 2019) utilisant les données associées à chaque vidéo sur Youtube : nombre de vues, “likes” – pouces vers le haut, “dislikes” – pouces vers le bas.

Le modèle utilise les données (Youtube et résultats lors du concours) pour les années précédentes et prédit ensuite le score qu’obtiendrait chaque pays. L’idée est que le nombre de personnes regardant un clip en ligne (et leurs réactions, via les boutons dédiés de Youtube) est un bon moyen de prédire le succès d’une chanson à l’Eurovision ; c’est évidemment très limité et ce pour de nombreuses raisons : existence d’un double vote (public et jury), différences entre les clips et la prestation en live, etc.

Passons donc aux « résultats » : our twelve points go to… la Russie !

En effet, comme en 2018 avec Israël, leur vidéo est un outlier (une observation avec des caractéristiques très différentes des autres) qui récolte plus de 85 millions de vues largement supérieur aux autres ; il s’agit de la chanson “Uno”, que vous pouvez (et je vous y encourage) écouter ci-après :

Sans surprise, ce sont donc eux qui sont les favoris pour notre modèle ! Le reste du top 5 (avec beaucoup moins d’écarts et donc de certitude) se compose de l’Arménie, l’Azerbaïdjan, l’Ukraine et la Bulgarie.

On peut comparer ces résultats (à défaut de ne jamais pouvoir savoir si le modèle aurait eu raison !) avec ceux des bookmakers (voir ici), évidemment gelés depuis l’annonce de l’annulation du concours. Ils ne plaçaient pas la Russie en premier, mais dans les cinq favoris néanmoins.

Eurovision 2019 – prédictions

Sur le même modèle que l’année dernière (et, nous l’espérons, avec autant de succès !), nous allons tenter de faire nos prédictions pour l’Eurovision 2019, avec toujours un modèle basé sur les statistiques des vidéos publiées sur Youtube (la liste des vidéos en lice cette année est ici).

Les données

Rappel : nous utilisons les informations disponibles sur les vidéos Youtube : nombre de vues, nombre de “Like” et nombre de “Dislike”. Nous récupérons ces informations grâce au package R tuber, qui permet d’aller faire des requêtes par l’API de Youtube et ainsi de récupérer pour chacune des vidéos d’une playlist les informations nécessaires pour le modèle. Ces informations sont ensuite complétées (pour les années 2016, 2017 et 2018) avec le nombre de points obtenus et le rang du classement final.

Par rapport à l’année dernière, on dispose donc d’une année supplémentaire pour l’apprentissage du modèle (pour rappel, les modalités de calcul des points ont changé en 2016, donc on ne peut pas facilement utiliser des éditions antérieures).

Le modèle

L’objectif principal est d’estimer le score que chaque pays va avoir, afin de pouvoir construire le classement final. La méthode utilisée est toujours la régression linéaire sur les variables disponibles (nombre de vues, nombre de “Likes”, nombre de “Dislikes”)

Pour le modèle utilisant uniquement les données 2016 et 2017, calculé l’année dernière, on rappelle que le nombre de vues ne joue pas significativement, le nombre de Likes de façon très mineure et le nombre de Dislikes très nettement, avec un lien positif : plus il y a de pouces baissés, plus le score est important. Ce résultat atypique peut s’expliquer par le fait que la vidéo ukrainienne en 2016, gagnante, a plus de 40 000 pouces baissés.

(Mise à jour : une première version de ce post contenait des erreurs sur le second modèle) Le modèle intégrant les données 2018 (prises quelques semaines avant la finale) en plus change légèrement. Il accorde moins de valeur au nombre de Dislikes (cela peut s’expliquer par le fait que la chanson russe en 2018 avait un nombre de pouces baissés très important, mais n’a pas accédé à la finale, donc n’a pas obtenu un résultat très bon), mais associe désormais positivement le nombre de vues et le score (ce qui n’était pas le cas avant, étonnement).

Ce modèle, construit à partir de plus de données, est celui privilégié ; on comparera tout de même les résultats obtenus par les deux modèles à la fin de cet article !

Les résultats

Voici les prédictions obtenues, en utilisant le modèle comprenant les données de 2016 à 2018 et appliqué aux données Youtube 2019 :

Le grand gagnant serait Malte. Ils ne sont pas dans les favoris des bookmakers : voir ici, par exemple, ou plus largement avec les données des paris ici : à la date d’extraction des données, le 30 avril, Malte était classée 8ème.

Voici la vidéo proposée par Malte pour l’Eurovision 2019 (dont l’artiste Michela Pace illustre cette publication) :

Les Pays-Bas sont seconds dans notre modèle. Ce sont eux les grands favoris pour l’instant, avec “Arcade” :

Et pour la France ? 10ème selon notre modèle, 11ème selon les bookmakers, nous ne serons pas a priori les Rois de la compétition :

Mais, quand on sait que la vidéo de Bilal sur sa chaîne Youtube personnelle enregistre presque 6 millions de vues, peut-on penser qu’il y a un biais à ce niveau-là ? À suivre…

Mise à jour au 7 mai : le modèle avec les nouvelles données Youtube donne des résultats identiques :

Et avec l’autre modèle ?

En utilisant le modèle comprenant les données de 2016 et 2017 uniquement (et donc, sans 2018), on obtient les résultats suivants, avec, en bleu, les pays pour lesquels le score prédit aurait été plus fort, et en rouge ceux pour qui il aurait été plus faible :

Ce modèle conduit à favoriser les Pays-Bas, et renvoie Malte bien plus bas dans le classement ; mais il se base fortement sur les Dislikes, ce qui n’avait pas été pertinent en 2018… À suivre également !

Weighting tricks for machine learning with Icarus – Part 1

Calibration in survey sampling is a wonderful tool, and today I want to show you how we can use it in some Machine Learning applications, using the R package Icarus. And because ’tis the season, what better than a soccer dataset to illustrate this? The data and code are located on this gitlab repo: https://gitlab.com/haroine/weighting-ml

weighting ML gitlab
https://gitlab.com/haroine/weighting-ml

First, let’s start by installing and loading icarus and nnet, the two packages needed in this tutorial, from CRAN (if necessary):

install.packages(c("icarus","nnet"))
library(icarus)
library(nnet)

Then load the data:

load("data/weighting_ML_part1.RData")

The RData file contains two dataframes, one for the training set and one for the test set. They contain results of some international soccer games, from 01/2008 to 12/2016 for the training set, and from 01/2017 to 11/2017 for the test. Along with the team names and goals scored for each side, a few descriptive variables that we’re going to use as features of our ML models:

> head(train_soccer)
        Date                   team opponent_team home_field elo_team
1 2010-10-12                Belarus       Albania          1      554
2 2010-10-08 Bosnia and Herzegovina       Albania          0      544
3 2011-06-07 Bosnia and Herzegovina       Albania          0      594
4 2011-06-20              Argentina       Albania          1     1267
5 2011-08-10             Montenegro       Albania          0      915
6 2011-09-02                 France       Albania          0      918
  opponent_elo importance goals_for goals_against outcome year
1          502          1         2             0     WIN 2010
2          502          1         1             1    DRAW 2010
3          564          1         2             0     WIN 2011
4          564          1         4             0     WIN 2011
5          524          1         2             3    LOSS 2011
6          546          1         2             1     WIN 2011

elo_team and opponent_elo are quantitative variables indicative of the level of the team at the date of the game ; importance is a measure of high-profile the game played was (a friendly match rates 1 while a World Cup game rates 4). The other variables are imo self-descriptive.

Then we can train a multinomial logistic regression, with outcome being the predicted variable, and compute the predictions from the model:

outcome_model_unw <- multinom(outcome ~ elo_team + opponent_elo + home_field + importance,
data = train_soccer)

test_soccer$pred_outcome_unw <- predict(outcome_model_unw, newdata = test_soccer)

The sheer accuracy of this predictor is kinda good:

> ## Accuracy
> sum(test_soccer$pred_outcome_unw == test_soccer$outcome) / nrow(test_soccer)
[1] 0.5526316

but it has a problem: it never predicts draws!

> summary(test_soccer$pred_outcome_unw)
DRAW LOSS  WIN 
   0  208  210

And indeed, draws being less common than other results, it seems more profitable for the algorithm that optimizes accuracy never to predict them. As a consequence, the probabilities of the game being a draw is always lesser than the probability of one team winning it. We could show that the probabilities are not well calibrated.

A common solution to this problem is to use reweighting to correct the imbalances in the sample, which we’ll now tackle. It is important to note that the weighting trick has to happen in the training set to avoid “data leaks”. A very good piece on this subject has been written by Max Kuhn in the documentation of caret.

R package caret
https://topepo.github.io/caret/

Commonly, you would do:

train_soccer$weight <- 1
train_soccer[train_soccer$outcome == "DRAW",]$weight <- (nrow(train_soccer)/table(train_soccer$outcome)[1]) * 1/3
train_soccer[train_soccer$outcome == "LOSS",]$weight <- (nrow(train_soccer)/table(train_soccer$outcome)[2]) * 1/3
train_soccer[train_soccer$outcome == "WIN",]$weight <- (nrow(train_soccer)/table(train_soccer$outcome)[3]) * 1/3

> table(train_soccer$weight)

0.916067146282974  1.22435897435897 
             3336              1248

The draws are reweighted with a factor greater than 1 and the other games with a factor lesser than 1. This balances the predicted outcomes and thus improves the quality of the probabilities …

outcome_model <- multinom(outcome ~ elo_team + opponent_elo + home_field + importance,
data = train_soccer,
weights = train_soccer$weight)

test_soccer$pred_outcome <- predict(outcome_model, newdata = test_soccer)
> summary(test_soccer$pred_outcome)
DRAW LOSS  WIN 
  96  167  155

… though at a loss in accuracy:

> ## Accuracy
> sum(test_soccer$pred_outcome == test_soccer$outcome) / nrow(test_soccer)
[1] 0.5263158

Now let’s look at the balance of our training sample on other variables:

> round(table(test_soccer$importance) / nrow(test_soccer),2)

   1    2    3    4 
0.26 0.08 0.54 0.12 
> round(table(train_soccer$importance) / nrow(train_soccer),2)

   1    2    3    4 
0.56 0.08 0.23 0.12

It seems that the test set features a lot more important matches than the training set. Let’s look further, in particular at the dates the matches of the training set were played:

> round(table(train_soccer$year) / nrow(train_soccer),2)

2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 
0.10 0.11 0.11 0.10 0.11 0.13 0.11 0.11 0.12

Thus the matches of each year between 2008 and 2016 have the same influence on the final predictor. A better idea would be to give the most recent games a slightly higher influence, for example by increasing their weight and thus reducing the weights of the older games:

nyears <- length(unique(train_soccer$year))
year_tweak <- rep(1/nyears,nyears) * 1:nyears
year_tweak <- year_tweak * 1/sum(year_tweak) ## Normalization

> year_tweak
[1] 0.02222222 0.04444444 0.06666667 0.08888889 0.11111111 0.13333333
[7] 0.15555556 0.17777778 0.20000000

We determine it is thus a good idea to balance on these two additional variables (year and importance). Now how should we do this? A solution could be to create an indicator variable containing all the values of the cross product between the variables outcome, year and importance, and use the same reweighting technique as before. But this would not be very practical and more importantly, some of the sub-categories would be nearly empty, making the procedure not very robust. A better solution is to use survey sampling calibration and Icarus 🙂

train_soccer$weight_cal <- 1
importance_pct_test <- unname(
table(test_soccer$importance) / nrow(test_soccer),
)

marginMatrix <- matrix(, nrow = 0, ncol = 1) %>% ## Will be replaced by newMarginMatrix() in icarus 0.3.2
addMargin("outcome", c(0.333,0.333,0.333)) %>%
addMargin("importance", importance_pct_test) %>%
addMargin("year", year_tweak)

train_soccer$weight_cal <- calibration(data=train_soccer, marginMatrix=marginMatrix,
colWeights="weight_cal", pct=TRUE, description=TRUE,
popTotal = nrow(train_soccer), method="raking")

outcome_model_cal <- multinom(outcome ~ elo_team + opponent_elo + home_field + importance,
data = train_soccer,
weights = train_soccer$weight_cal)

test_soccer$pred_outcome_cal <- predict(outcome_model_cal, newdata = test_soccer)

icarus gives a summary of the calibration procedure in the log (too long to reproduce here). We then observe a slight improvement in accuracy compared to the previous reweighting technique:

> sum(test_soccer$pred_outcome_cal == test_soccer$outcome) / nrow(test_soccer)
[1] 0.5478469

But more importantly we have reason to believe that the we improved the quality of the probabilities assigned to each event (we could check this using metrics such as the Brier score or calibration plots) 🙂

It is also worth noting that some algorithms (especially those who rely on bagging, boosting, or more generally on ensemble methods) naturally do a good job at balancing samples. You could for example rerun the whole code and replace the logit regressions by boosted algorithms. You would then observe fewer differences between the unweighted algorithm and its weighted counterparts.

Stay tuned for the part 2, where we’ll show a trick to craft better probabilities (particularly for simulations) using external knowledge on probabilities.

[Sports] L’adversaire des bleus en 8èmes

Après la première place du groupe acquise par l’équipe de France, Baptiste Desprez de Sport24 se demandait aujourd’hui quel est l’adversaire le plus probable pour les Bleus en huitièmes.

Ça tombe bien, on dispose d’un modèle capable de calculer des probabilités pour les matches de l’Euro. Je vous laisse lire l’article de Sport24 si vous voulez comprendre toutes les subtilités concoctées par l’UEFA pour ce premier Euro à 24. Nous, on va se contenter de faire tourner le modèle pour obtenir les probabilités. On obtient (avec arrondis) :

Irlande du Nord : 72% ; République d’Irlande : 14% ; Allemagne : 8% ; Belgique : 4% ; Pologne : 2%

probas_huitiemes

Voilà, il est extrêmement probable que le prochain adversaire de l’équipe de France se nomme “Irlande” 🙂 . Curieusement, la probabilité de rencontrer l’Allemagne est bien plus forte que de rencontrer la Pologne, alors même que le modèle donne une forte probabilité pour que l’Allemagne termine première de son groupe devant la Pologne… C’est complexe un tableau de l’Euro ! On va quand même croiser les doigts pour ne pas croiser la route de Müller et cie aussi tôt dans le tableau !

Il est également amusant de constater que, bien que ce soit possible, un huitième contre une équipe du groupe D (Tchéquie, Turquie ou Croatie) est hautement improbable (<0.2% de chances d’après les simulations). Il semblerait que les configurations permettant à ces équipes de se qualifier en tant que meilleurs troisièmes sont incompatibles avec les configurations les envoyant en huitième contre la France. Si un opérateur vous proposait ce pari, je ne saurais trop vous conseiller de l’éviter 😉